Le tabagisme, une habitude qui coûte cher à notre organisme
avril 7, 2022
Pour la Journée mondiale de la santé le 7 avril 2022, l’OMS a décidé de mettre l’accent sur le lien qui unit notre santé à celle de la planète. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus exposés à la pollution de l’air, à laquelle nous participons, ce qui n’est pas sans avoir un effet sur notre santé, avec, en première ligne, le tabagisme. Rencontre avec Dr Donat, pneumologue à la Clinique Bon Pasteur.
Quels sont les effets du tabagisme actif sur la santé respiratoire du consommateur ?
La consommation de tabac est connue pour engendrer de nombreux dégâts et tuerait, selon l’OMS, plus de 8 millions de personnes chaque année. À chaque bouffée de cigarette, ce sont de nombreux produits toxiques qu’avale le fumeur : goudron, monoxyde de carbone, acétone… Ces produits attaquent directement les poumons et détériorent le système respiratoire en enflammant les bronches, en détruisant les cils des poumons, connus pour leur rôle dans le nettoyage des bronches, et en provoquant des toux à répétition. Les poumons des fumeurs perdent petit à petit en élasticité et ne se dilatent pas correctement pendant la respiration, ce qui influe sur leur capacité respiratoire, mais aussi sur leur système cardiaque en réduisant l’apport d’oxygène dans le sang. C’est pour cela que l’on dit que les fumeurs sont deux fois plus susceptibles de souffrir d’une crise cardiaque ou d’un AVC que les non-fumeurs.
Quelles sont les affections les plus courantes liées au tabagisme ?
En ce qui concerne le système respiratoire, il existe trois affections récurrentes qui sont, le plus souvent, liées au tabagisme. On retrouve, en premier lieu, les cancers bronchiques, qui font autant de ravages chez les hommes que chez les femmes. Selon l’un des derniers rapports de l’OMS, 90 % de ce type de cancers pourraient être évités en éliminant le tabagisme, ce qui est énorme ! En deuxième lieu, on retrouve la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie chronique respiratoire grave qui peut mener à une insuffisance respiratoire chronique. Enfin, le tabac représente un facteur de risque important dans le développement de l’asthme, notamment chez les enfants qui sont en contact avec des fumeurs. En plus de ces trois aspects, d’autres maladies respiratoires non liées au tabac peuvent tout de même être aggravées par sa consommation.
Les fumeurs occasionnels ou les fumeurs passifs sont-ils aussi concernés ?
Il existe un seuil de toxicité auquel les spécialistes des voies respiratoires se réfèrent : le concept « 20 paquets-années », ce qui représente une consommation de 20 cigarettes par jour pendant 20 ans – ou, par exemple, 40 cigarettes par jour pendant 10 ans. Le risque de développer un cancer bronchique se définirait à partir de ce seuil critique de 20 paquets-années. Mais même pour un fumeur occasionnel ou un fumeur passif, les cigarettes inhalées sont des cigarettes de trop, car elles aggravent tout de même les risques de développer une maladie. Le tabagisme passif causerait même, chaque année, plus de 1,2 millions de décès dans le monde ainsi que de nombreuses maladies concomitantes. Ce n’est pas simplement le système respiratoire qui est concerné, mais aussi toute la sphère ORL, avec des risques de développer des maladies touchant aux lèvres, à la bouche, ou encore au larynx.
Quels sont vos meilleurs conseils pour se défaire de cette addiction ?
S’il existe de nombreuses solutions pour aider les fumeurs à arrêter de consommer du tabac, il faut avant tout avoir la volonté d’arrêter. Celle-ci est essentielle. Il existe ensuite de nombreuses aides, médicamenteuses et psychologiques, sur lesquelles s’appuyer pour mettre toutes les chances de son côté. Du côté médicamenteux, on retrouve les patches, les pastilles ou d’autres substances. De nouveaux médicaments viennent aussi de sortir, mais il faut être prudent et se faire accompagner par son médecin traitant, car ils peuvent entraîner des effets secondaires. Du côté psychologique, la parole peut être effective, ou encore le Plan de 5 jours préconisé par la Ligue Vie et Santé, qui préconise l’arrêt sans substitut. Il existe aussi des applications mobiles inspirées des thérapies cognitives et comportementales qui accompagnent par la motivation cette décision d’arrêter de fumer. Chaque personne est différente et il existe de nombreuses solutions qui correspondent à chaque individu selon ses préférences.
Une fois la consommation stoppée, que se passe-t-il au niveau du corps ?
La bonne nouvelle pour ceux qui arrêtent de fumer est que la plupart des lésions causées par le tabagisme au niveau du système respiratoire – si elles n’ont pas entraîné les maladies graves évoquées plus haut – commencent à régresser dès l’arrêt de la consommation. Les effets sur le corps sont presque immédiats car après 20 minutes seulement la pression sanguine, le rythme cardiaque et le taux d’oxygène sanguin reviennent à la normale. Au fil des jours, le risque d’infarctus du myocarde diminue et la respiration s’améliore car, de mois en mois, les cils bronchiques commencent à repousser et à reprendre leur travail de nettoyage. Au bout d’un an, le risque d’accident vasculaire cérébral de l’ancien fumeur est le même que celui d’un non-fumeur. Il faut encore quelques années avant que le risque de développer un cancer du poumon ne diminue de moitié et environ 10 à 15 ans pour que l’espérance de vie de l’ancien fumeur atteigne celle des non-fumeurs. Le corps prend du temps pour s’en remettre, mais le jeu en vaut la chandelle !

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